Prologue



Baanoub, cette ferme minuscule, nous est tombée dessus à Prague, République Tchèque, au début de l'hiver 2009. En fait c’est une ruine située à coté, le fort de Belhacem, où un patriarche de Jérusalem a le bon gout de mourir durant les Croisades, qui nous attire dans le coin. Hélas, les propriétaires ne veulent ni vendre ni louer ni développer ni nettoyer ni excaver ni rien. Tout juste s’ils tolèrent les coupeurs de bois et les chèvres, alors les touristes responsables (qui vont venir pousser des oh et des ah devant chaque sac en plastique et chaque mégot)...  
Dépités, mais tombés amoureux de la région, de questions en rencontres, on finit par découvrir un terrain quasi mitoyen (à cette échelle mitoyen équivaut à moins d‘1 km), qui nous plait tout de suite. C’est un  endroit comme on pensait ne plus jamais en voir au Liban, oublié par le béton et l‘asphalte. Une petite vallée encaissée, avec falaises, grottes et sentiers de chèvres, couverte de chênes et de pins. Au fond, un fleuve, le Awali. D’un coté une petite église entourée d’oliviers, et un moulin ottoman, de l’autre Baanoub, une ferme ancienne abandonnée aux débuts de la guerre civile, où de nombreuses factions se sont établies successivement, laissant au passage quelques mines et obus non explosés. De très vieux oliviers entourent trois petites ruines de maisons reliées par une mauvaise route en terre. Des terrasses agricoles mangées par la forêt se devinent par endroits, le thym, la sauge et le fenouil poussent haut et fort. 
Le terrain appartient à un couvent catholique, Deir el Mkhalles.
On commence à travailler sur le terrain, en Aout 2011: on arrange un peu la route, on nettoie les terrasses entre les oliviers, on fait la récolte des olives, on organise le stockage de l’huile, puis on commence à nettoyer les alentours des oliviers de tout le bois mort laissé par les bucherons et qui favorise la propagation des incendies. Huit ouvriers en moyenne, six  mois de travaux pharaoniques, des depenses astronomiques, mais la satisfaction de voir cette ferme reprendre des couleurs....

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